Fontaine qui chante au cœur d’une prairie, filet d’eau se faufilant sinueux en plein soleil prenant des arbres comme ombrelle, le Célé devient tumultueux et vif. L’été il s’essouffle. Il arrose Figeac où le pont Gambetta qui le franchit mêle dans ses eaux son ombre et son reflet.
Marcilhac-sur-Célé, sur la via Podiensis dans un écrin de falaises ocres et blanches, se serre autour des restes de son abbaye romane bénédictine du X° Siècle, dont la partie gothique sert d’église.
Sa maison du Roy située dans l’enceinte de l’Abbaye qui daterait du XVI° Siècle servait à l’accueil des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.
Les cazelles, petites constructions en pierre sèche, réalisées par les bergers entre le XVIII° et le XIX° Siècle pouvaient leur servir d’abri. Carrées, rondes, avec un étage et même parfois une cheminée, sont parsemées sur ses rives.
La vallée s’élargit, le Célé prend ses aises, s’élance dans une ligne droite puis reprend vite ses égarements. Les arbres servent d’écran à la falaise qui surveille l’enfant turbulent qu’il est, avec ses crues subites et spectaculaires.
Bordé d’aulnes glutineux servant autrefois à fabriquer les barques, observatoire pour le martin- pêcheur attendant sa provende. De légères demoiselles, couleur bleu pétrole , ravissantes libellules l’accompagnent dans son ballet.
Parfois un cingle plongeur marche dans le gué qui chante à sa manière, ce passereau cherche des larves d’insectes dans la pureté de ses eaux.
Au pied de la falaise de Rochecourbe les habitations de Cabrerets s’enchâssent dans le roc du causse. Cette haute falaise en surplomb domine le village et porte sur sa sentinelle les ruines du « château des anglais » accroché à une corniche, appelé également « château du diable ».
Dans sa vallée, le Célé accompagne tous ces villages qui le jalonnent. Les contrastes de couleurs sont saisissants. Entre le vert des forêts, le jaune des cultures, le gris de la pierre et le cristal de ses eaux. Un rapport intime se crée, les sons sont atténués, il descend vers son destin, ses eaux allant se confondre à celles du Lot.
Michel BENTEJAC