Quatre cent un ans d’âge, le plus vieux phare de France. Cordouan, élu monument préféré des Aquitains. Cordouan le sublime par son architecture Renaissance, sa chapelle, sa salle dite des Girondins au sol de mosaïque de marbre, ses appartements du Lieutenant du Roi.
Trois cent une marches mènent à la lanterne pour s’émerveiller devant un panorama rare. D’un côté l’estuaire, de l’autre la Charente Maritime, en tournant la Gironde puis l’infini avec toutes ses inconnues et ses mystères.
Seul, véritable géant de l’estuaire, depuis la côte où l’horizon tout entier l’enveloppe dans l’ombre, le soleil mourant ferme les branches d’or de son rouge éventail, et tombe dans la mer.
La nuit jette son voile, pas une étoile tout est noir, sur la côte des bancs de la Gironde, partout l’océan gronde multipliant son bruit sur des milliers d’écueils, cette voix parle aux ténèbres et au phare qui semble être ancré pour l’éternité.
Cordouan du haut de sa splendeur, défie le grand océan sombre dans sa blanche fureur qui s’abat sur les rocs au cœur de la tourmente dans l’aveugle chaos des vagues et des vents.
Quatre siècles que Cordouan combat sans pitié ni remords. L’océan est son miroir. Dans le déroulement infini de sa lame indomptable et sauvage, sous sa crinière d’écume dans un tonnerre sourd, il s’éparpille en brume empanachant les récifs du phare ruisselant.
Michel BENTEJAC