Ma dernière veillée brûle son bois de souvenirs. J’avais peut-être dix ans, c’est loin. Aujourd’hui je suis couvert de cheveux de neige.
J’étais alors souple et vif . Maintenant, mes os sont si rugueux entre eux que, parfois, je me demande si on ne les entend pas grincer quand je me déplace.
Cependant, malgré tout, des quelques brûlis de souvenirs un conte est gravé dans ma mémoire peut être pas défaillante mais vagabonde.
La maison de mes arrière-grands-parents, est aujourd’hui en ruine. A présent ce lieu est abandonné, mais autrefois lieu de bien des convoitises.
En effet, toutes les années bissextiles, un gros sac de Louis d’or apparaissait posé sur le sol du cellier.
Si la minute exacte où il était déposé n’était pas connue, par contre personne n’ignorait que le premier qui s’en emparait le gardait pour lui, sans aucune contestation.
De mémoire d’homme, il n’y eut jamais que le Diable pour s’en saisir avec dextérité à l’heure dite.
Tout pourtant était mis en œuvre, pour s’en accaparer. Calculer, se poster, fermer les issues, s’y mettre à plusieurs, toujours sa main se tendait à la seconde même où le sac apparaissait.
Croyez-moi, si mes ancêtres avaient pu le prendre avant le Diable, je n’aurai pas travaillé si dur, et je ne vous raconterai vraisemblablement pas cette histoire.
Michel BENTEJAC